Lombalgie : et si les tablettes voulaient notre mal ?

Des travaux montrent que l’usage de tablettes serait lié à l’émergence de lombalgies et cervicalgies, en particulier chez la femme. La durée d’utilisation ne serait pas en cause : seule la posture apparaît comme un facteur de risque significatif. 

C’est un facteur de risque auquel on ne songe pas forcément, de prime abord. Et pourtant, l’utilisation de tablettes pourrait figurer parmi les causes fréquentes de lombalgies. Les études sur la question s’accumulent ; la dernière en date, publiée en juin 2018 dans la revue Journal of Physical Therapy Science1, confirme cette hypothèse, tout en l’affinant. Elle révèle que les maux de dos associés aux tablettes seraient davantage liés à la posture qu’à la durée d’utilisation. Certains profils seraient par ailleurs plus concernés que d’autres. 

Les travaux, menés par l’Université du Nevada (Los Angeles), ont porté sur 412 étudiants - une population parmi laquelle l’usage des tablettes est répandu. L’enquête menée par les chercheurs montre d’abord que les dorsalgies sont fréquentes au sein des utilisateurs : 55 % des sujets ont déclaré souffrir de douleurs modérées au niveau du cou, du haut du dos et des épaules, et 10 % ont évoqué des symptômes sévères. Par ailleurs, 15 % des personnes interrogées se sont plaintes de troubles du sommeil liés à ces douleurs. 

La posture en cause

On retrouve des résultats similaires dans d’autres études menées précédemment. Mais ces derniers travaux creusent davantage le lien de causalité, ce qui permet d’extraire des conseils à prodiguer aux patients atteints de maux de dos. Ils suggèrent que certaines postures génèrent plus de douleurs que d’autres, indépendamment de la durée d’utilisation de l’écran portatif. 

Il s’agit de la position assise, appareil posé sur les genoux et dos courbé, ou posé sur surface plane. « La flexion du cou vers l'avant pendant de longues périodes peut exercer une pression sur la colonne vertébrale, causant des tensions et des douleurs musculaires au cou et aux épaules », expliquent ainsi les chercheurs.

Les femmes plus concernées
 
Les travaux montrent en outre que le sexe constitue un facteur de risque considérable. En effet, 70 % des utilisatrices ont déclaré souffrir de troubles musculo-squelettiques, contre moins de 30 % chez les participants de sexe masculin. Elles avaient aussi davantage tendance à utiliser leur tablette en position assise, avec une mauvaise posture  (c’était le cas pour 77 % d’entre elles). 

A cela, les chercheurs avancent une hypothèse : les femmes possédant un corps et des membres plus petits que ceux des hommes, elles sont plus enclines à se courber sur l’écran et à adopter une position délétère pour le cou, les épaules et le dos. 

Informer sur la posture
 
Ainsi, lorsque des patients, en particulier des femmes, passent les portes de la pharmacie et se plaignent de douleurs dorsales ou cervicales, il peut être intéressant de les interroger sur l’usage qu’elles font de leur tablette et la posture qu’elles adoptent, afin de les informer sur ce risque et de les conseiller sur la bonne posture (position assise sur une chaise avec dossier, tablette posée sur un support plutôt qu’une surface plane). 

Des solutions thérapeutiques, telles que ceintures dorsales ou des colliers cervicaux, peuvent leur être proposées aux patients par leurs médecins, afin de soulager les douleurs handicapantes, prévenir les épisodes douloureux et corriger leur posture. En revanche, le port de corset n’est pas indiqué et ne correspond pas aux pratiques médicales pour ce type de douleurs. Enfin, des exercices d’ergonomie et de stretching peuvent être conseillés, sous caution médicale. 


1 Szu-Ping Lee and al., 2018 Jun, Gender and posture are significant risk factors to musculoskeletal symptoms during touchscreen tablet computer use, Journal of Physical Therapy Science, 10.1589/jpts.30.855